La rage

Actuellement en forte régression en France grâce à de multiples campagnes de vaccination des renards, principaux vecteurs de la maladie, la rage ne concerne plus aujourd’hui que 5 départements: Bas-Rhin,
Moselle, Meurthe-et-Moselle, Meuse et Ardennes (situation au 1/09/99). Le dernier cas de rage connu en France remonte au mois de novembre 1998. La maladie tue encore 40 000 personnes par an dans le monde.

Chez l’animal, la rage peut atteindre toutes les espèces de mammifères. Le renard est en Europe le principal vecteur de la maladie, mais c’est le chien qui représente le plus grand danger de contamination pour l’homme (85% des cas). Pour mémoire, le renard couvre en France 80% des cas de rage, les bovins 10%, le chien 3% et le chat 2%. En Amérique du Sud, certaines chauves-souris sont capables de transmettre la rage, ce qui est beaucoup plus difficile à contrôler…

Chez l’homme, aucun cas de rage n’a été observé en France du fait d’une contamination animale depuis 1968, ce qui montre l’efficacité des moyens de surveillance. C’est d’ailleurs heureux, car la maladie est
systématiquement mortelle du moment que les symptômes ont commencé à apparaître. D’un point de vue clinique, la rage est une maladie qui touche le système nerveux en provoquant des modifications comportementales allant jusqu’à l’extrême agressivité (rage furieuse), et évoluant vers la paralysie, localisée (c’est la paralysie des muscles masticateurs qui, en empêchant la déglutition, provoque la salivation) ou généralisée (paralysie “ascendante” commençant par les membres postérieurs/inférieurs puis remontant jusqu’à paralyser le diaphragme…). La maladie évolue rapidement, sur 4 à 8 jours. Chez l’homme, la conscience est conservée jusqu’à la fin.

Cette rapidité d’évolution contraste avec la grande longueur de l’incubation (période s’écoulant entre le moment de la contamination - le plus souvent par morsure - et le début des symptômes). Ce délai peut aller jusqu’à plusieurs mois, il est habituellement de 3 à 8 semaines; il s’explique par le mode de propagation du virus, qui contrairement à ce qui se passe habituellement n’est pas véhiculé par le sang, mais remonte lentement le long des nerfs jusqu’aux centres nerveux: moelle épinière et cerveau. Le virus diffusera ensuite dans les glandes salivaires, et se retrouvera dans la salive 3 à 5 jours avant l’apparition des premiers symptômes, permettant ainsi la contamination par morsure.

La longueur de l’incubation est mise a profit dans le traitement antirabique (après une morsure contaminante). Il est possible de pratiquer une vaccination pendant la période d’incubation, l’immunité se développant avant l’apparition des symptômes. Mais cela suppose de savoir que la morsure a pu transmettre le virus. C’est pourquoi les législations des divers pays ont mis en place une surveillance obligatoire des animaux mordeurs.

La surveillance clinique des animaux suspects reste le moyen le plus sensible et le plus rapide à mettre en oeuvre pour déterminer si un animal est enragé. Elle repose sur la constatation suivante: l’excrétion du virus rabique chez un animal enragé ne commence jamais plus de 12 jours avant sa mort. En France, la législation a donc prévu une période de surveillance de 15 jours (délai de sécurité, supérieur à 12 jours), pendant laquelle l’animal mordeur est soumis à 3 visites chez un vétérinaire (dans les 24h suivant la morsure, puis le 7è jour et le 15è jour). Si à l’issue de cette période de 15 jours l’animal est toujours vivant, c’est qu’il n’est certainement pas enragé. S’il meurt au cours de la période de surveillance, des analyses sont pratiquées sur son cerveau (recherche de virus), et dans la plupart des cas, un traitement antirabique sera instauré sur la personne mordue.

La vaccination antirabique des carnivores se pratique en une injection, avec rappel annuel. Le certificat de vaccination est valable un mois après une injection de primovaccination, immédiatement après une injection de rappel, et jusqu’à un an après l’injection. La loi française rend la vaccination contre la rage obligatoire dans les cas suivants:
• Voyage à l’étranger
• Départements déclarés infectés (08, 54, 55, 57, 67)
• Corse et Outre-Mer;
• Séjour en camping;
• Présentation en exposition canine ou féline
• Chiens d’attaque, de défense et de garde visés par la loi du 30 avril 1999: Pittbull, Boerbull, Tosa, Staffordhire terrier et apparentés, Rottweiler et apparentés.

Source : http://www.veteriweb.com